L'artiste
Artiste belge né à Wasmes (Province du Hainaut). Agrégé de l'Enseignement inférieur en Art plastiques à Saint-Ghislain. Ancien professeur de dessin et peinture à Mons. Expositions collectives, depuis 1982, en Belgique, France, Angleterre et Etats-Unis. Expositions personnelles, depuis 1982, en Belgique. Mention spéciale au Festival international des arts plastiques et graphiques de Mouscron (1981), Premier prix au 6e Salon du Mérite artistique européen de Coxyde (1985), Premier prix au 9e Salon international de Dinant (1986), Prix du public au 12e Festival international des Arts plastiques et graphiques de Mouscron (1996) et 2e prix à l'International Art Biennale de Malte (1997). Œuvre dans les collections de la Province du Hainaut.
L'œuvre et la critique
« Le peintre André Gobert rend un hommage délicat et scrupuleux à l'art figuratif. Des hommes se succèdent sur les toiles, des visages sérieux dont on a envie de toucher du doigt les rides d'expression, des mains éloquentes dont on voudrait mimer pour soi l'attitude impérieuse… La technique est sans appel. On est bientôt persuadé que le sujet va bouger et que l'on pourra deviner les mots qu'il chuchote à son acolyte, sa leçon rituelle. Cependant, les thèmes sont plus insolites, en vertu de leur caractère obsessionnel : des religieux, partout. Des hommes graves, que le poids de leur mission a voutés et qui échangent des vérités, sans vraiment se regarder puisque s'efforçant d'abandonner le plus possible leur condition d'individu. Des moines aussi figés dans l'accomplissement de leurs gestes sacrés que dans leur robe de bure, aux plis impeccables, leurs phalanges christiques semblant rejoindre celles des premières figures de la chrétienté. Et puis des corps embaumés, des corps d'hier ou d'aujourd'hui, dont les coiffes et les attributs semblent s'être pétrifiés en même temps que la chair. Ces ecclésiastiques-là ne sont pas des révolutionnaires. Vivants ou pas, ils ont pris le parti de l'ordre. L'être s'est effacé au bénéfice du dogme. Pourtant, à contrario, l'humilité de l'attitude trahit l'orgueil démesuré qui lui préside : 'Ultima necta', et Dieu a déjà reconnu les siens. N'empêche. Chez André Gobert, la perfection du trait, la sûreté du geste, l'atmosphère mutique qui émane du sujet traité deviennent si obsédantes qu'elles finissent progressivement par lever le voile sur une vérité absolument inverse : une condition humaine sans majuscule, un tumulte intérieur qui gangrène peu à peu les garde-fous qu'on lui avait opposés. Comme le prêtre et sa foi, le peintre et sa technique… Comme le cénobite, l'homme et sa gymnastique sociale, au quotidien… Les toiles d'André Gobert finissent par hurler. (…) Quant à la peinture d'une société, celle des hommes de foi, on ne pourra pas prouver qu'André Gobert tente autre chose que d'interroger, à la manière d'un sociologue ou d'un journaliste, et traduire son caractère forcément cireux. On ne pourra pas décider s'il s'agit d'une dénonciation. Mais on pourra imaginer que 'c'est mis là pour autre chose'… que l'œuvre est une allégorie. Une représentation très personnelle, probablement un peu douloureuse, de l'homme en animal social mutilé se fait jour. » [Françoise DELMEZ, 2003]
Miroir d'âmes, discours de Françoise Lefebvre, le 14 septembre 2012 à la Maison de la Laïcité de Mons
Miroirs d'âmes, titre évocateur, sujet à la réflexion.
Une mise en condition ou tout simplement l'inspiration, la créativité propre à chaque artiste.
Que dire alors des supports sur lesquels ces visages ont été peints ?
Un vieux livre que l'on souhaite rouvrir ou tout simplement le livre restera posé.
On ne l'ouvrira plus, mais il sera bien vivant tellement les yeux et le sourire vous imprègnent, vous pénètrent.
Vous n'aurez plus envie de tourner les pages.
Une farde usagée, scellée par deux petits nœuds, un mémento, du papier kraft, quelques vieux livres, quelques feuilles arrachées et jaunies…
Houlà, houlà, un peu poussiéreux tout ça…
Peut-être…
Quoique…
Eveillant des souvenirs, remuant le passé et plus particulièrement, si nous nous posons, notre enfance, l'odeur des greniers,…
Des globes qui sentent la Sainte Vierge renfermant des images secrètes, des visages pensifs, contrariés, interrogateurs, séduisants, …
Miroirs d'âmes…
Une âme, un principe de vie et de pensée habitant chaque être humain.
Chaque portrait en est le reflet.
Ame en peine, âme généreuse, bonne âme, vague à l'âme, état d'âme,… mais aussi une petite baguette de bois placée dans un instrument à cordes et qui communique les vibrations à tout l'instrument.
Notre corps ne serait-il pas notre instrument de vie ?
Miroirs d'âmes…
Le portrait est le reflet du miroir.
Nous convient-il, est-il généreux avec nous, nous rend-t-il perplexe, écorche-t-il un peu notre égo … ?
Miroir d'âmes…
Dans un des globes, sur une page jaunie, j'ai pu lire cette phrase « Briller et faire preuve de virtuosité ».
Je crois que ces quelques mots reflètent bien le chef d'œuvre qui est accroché à nos cimaises.
[Françoise LEFEBVRE, 2012]
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